jeudi 9 juillet 2020

Le Parkinson, la maladie Par Kevy Nguya

Je voudrais profiter de l'occasion pour remercier l'auditoire online de cette brillante assemblée hétérogène de l'occasion offerte pour partager un peu de cette pathologie, la maladie de James Parkinson. Merci à toute l'équipe de la coordination pour le travail que vous ne cessez de faire, pour votre soutien sans faille à la réussite de cette œuvre. Grand merci au Doyen, Docteur Hergy Bazungula pour l'orientation bibliographique et au groupe Nucleus pour la stimulation et la cession de la chair de neurosciences. Merci à tous ! 🙏

Plan:

1. Définition
2. Histoire de la maladie de Parkinson
3. Épidémiologie
4. Étiologie
5. Rappel des aspects anatomophysiologiques nécessaires à la compréhension de cette pathologie
6. Physiopathologie
7. Clinique et diagnostic
8. Prise en charge et Traitement

1. DÉFINITION

La  maladie  de  Parkinson  se  caractérise  par  une  atteinte  localisée  au  niveau  de  la  substance noire  (locus  niger)  pars  compacta,  dans  le  mésencéphale.  Le  degré  de  sévérité  des  symptômes moteurs  corrèle  avec  l’importance  de  la  perte  des  cellules  nerveuses  dans  cette  région.

2. HISTOIRE DE LA MALADIE

La connaissance de cette maladie remonte à l'Antiquité avec les indiens qui la nommaient "Kampavata" et la soignaient par une plante: mucuna pruriens (reconnue aujourd'hui comme source importante de L-Dopa). En 175 ap. J.C, Galen l'a décrite comme une paralysie agitante (shaking palsy) puis en 1817, James Parkinson publia un essai médical de la maladie de Galen basé sur 6 cas qu'il a observés (An essay on shaking palsy).
Mais c'est en 1877 que Jean Martin Charcot, neurologue Français a décerné à J. Parkinson la paternité de cette maladie car son essai était suffisamment avancé  sur le mal.

3. ÉPIDÉMIOLOGIE

Touchant  près  d’un  million  de  personnes  chaque  année  dans  le  monde,  la  maladie  de Parkinson  a  atteint  le  second  rang  des  maladies  dégénératives  du  sujet  âgé derrière la maladie d'Alzheimer.  Atteignant le  plus  souvent  les  individus  âgés,  elle  peut  dans  certains  cas  survenir  très précocement,  parfois  dès  25  ou  30  ans.
Dans  le  monde,  la  prévalence  de  cette  maladie  s’échelonne  entre  0.1%  et  0.2%  environ  de  la population  générale,  avec  une  tendance  à  l’augmentation  avec  l’âge.  À  60  ans,  la  prévalence est  d’environ  1%,  mais  s’élève  à  plus  de  4%  à  80  ans.  L’incidence  de  la  maladie  s’élève  à  un million de nouveaux cas par année dans le monde (source  : OMS). La  maladie  de  Parkinson  touche  légèrement  plus  les  hommes  que  les  femmes,  et  survient  le plus  souvent  chez  le  sujet  âgé,  avec  une  apparition  généralement  entre  50  et  70  ans.  L’âge moyen  d’apparition  est  de  55  ans. 
Mais, il faut noter que 10% des atteints ont moins de 40 ans.

4. ÉTIOLOGIE

Quelques  années  auparavant,  des  pistes  infectieuses  et  immunologiques  –atteinte  autoimmune  de  la  substance  noire–  avaient  été  évoquées,  mais  ces  pistes  ont  par  la  suite rapidement  été  abandonnées.  Enfin,  de  nombreuses  études  évoquent  la  possibilité  d’une intoxication  (MPTP,  pesticides,  herbicides,  agents  de  l’environnement)  comme  cause potentielle.   De  toute  évidence,  la  maladie  de  Parkinson  doit  son  apparition  à  de  nombreux  facteurs environnementaux,  additionnés  à  une  certaine  vulnérabilité  génétique  due  à  la  mutation  de certains  gènes (PARK1, PARK2, GBA, SNCA, etc…).

5. RAPPEL DES ASPECTS ANATOMOPHYSIOLOGIQUES NÉCESSAIRES À LA COMPRÉHENSION DE CETTE PATHOLOGIE

Reconnaissant la complexité ennuyeuse des neurosciences, j'ai essayé dans ce résumé de simplifier les éléments servant de pré-requis pour l'assimilation de cette pathologie. Ainsi, nous rappellerons les notions ci-après :

1) Ganglions de la base ou noyaux gris centraux

Sont un ensemble de structures sous-corticales constitué par des noyaux pairs, interconnectés au niveau des hémisphères cérébraux et du diencéphale et du mésencéphale. Leur structure peut varier selon qu'on les définit de manière anatomique ou fonctionnelle.

Au sens purement anatomique ils comprennent quatre noyaux pairs :

le noyau caudé ;

le noyau lenticulaire correspondant au putamen et au pallidum ;

le noyau sous-thalamique ;

la substance noire.

Au sens fonctionnel (sens le plus fréquemment utilisés) l'on aborde ces structures de manière différente :

le striatum composé du noyau caudé et du putamen (correspondant à la partie latérale du noyau lenticulaire) ;

le globus pallidus interne (GPi) et le globulus pallidus externe (GPe), correspondant au pallidum (partie médiale du noyau lenticulaire) ;

le noyau sous-thalamique (ou corps de Luys) ;

la substance noire compacte ( SNpc ou substantia nigra pars compacta ou encore locus niger), et la substance noire réticulée (SNr, substantia nigra pars reticulata). La pars reticulata prend en charge les mouvements de yeux.


2) Voie nigro-striatale ( lie la substance noire ou locus niger au striatum)

La substance noire est un amas de neurones dopaminergiques impliqué dans la motricité. Elle est elle aussi divisée en deux parties, nommées pars compacta et pars reticulata. La première envoie des axones vers le striatum, formant une sorte de boucle à l'intérieur des ganglions de la base.

3) Voie dopaminergique
En guise de rappel de cette voie, nous n'allons parler des types de récepteurs dopaminergiques
Types de récepteurs dopaminergiques :il en existe 5 regroupés en deux blocs:
D1 et D5: excitateurs
D2 , D3 et D4: inhibiteurs

6. PHYSIOPATHOLOGIE

Les symptômes moteurs de la maladie de Parkinson proviennent d'une atteinte de la boucle nigro-striatale, causée par la destruction des neurones de la substance noire (pour diverses raisons: auto-immunité, mutation génétique des gènes énumérés plus haut, intoxications comme l'intoxication au cuivre, manganèse de la maladie de Wilson).

Explication détaillée de ce mécanisme :
Je vais faire l'intégration des notions anatomophysiologiques données supra.

Déjà, nous savons que la voie nigro-striatale est une boucle formée par les neurones de la sbce noire qui donnent les prolongements axonaux vers le striatum.

Ensuite, nous savons que cette voie  fait partie de la voie directe.
C'est quoi la voie directe ? C'est une voie qui inhibe le thalamus d'une part et l'active de l'autre; le thalamus dans son fonctionnement entraîne beaucoup de réactions involontaires dont le mouvements involontaires. D'où la voie directe en inhibant le thalamus empêche ce dernier de déclencher des mouvements involontaires.

Or, la voie nigro-striatale est une voie dopaminergique constituée des récepteurs D2 donc inhibiteurs. Ce qui, normalement, fait que si ses neurones libèrent la dopamine, c'est plutôt pour l'inhibition que l'excitation. Cette inhibition du thalamus aura pour effet l'abolition des mouvements involontaires et le déclenchement des mouvements volontaires commandés par le cortex moteur (via la voie pyramidale).

En effet, si les neurones de cette voie sont affectés ===> ⬇️⬇️ de dopamine ===> ⬇️⬇️ de l'inhibition thalamique ===> le thalamus inhibera le cortex moteur et prémoteur ===> akinésie et apparition des mouvements involontaires sous forme des tremblements.


7. CLINIQUE ET DIAGNOSTIC

La maladie de Parkinson se caractérise par une triade classique :

Tremblements au repos-bradykinésie-rigidité plastique en tuyau de plomb.

Les tremblements sont asymétriques (unilatéraux), concernent surtout les membres thoraciques dans leur partie distale; ils disparaissent durant le sommeil.

⚠️Retenons ceci, chers lecteurs: Ils sont pathognomoniques mais c'est un signe inconstant. En d'autres termes, ce n'est pas tout parkinsonien qui tremblote. Sa présence signe une gravité accrue de la pathologie.

A cette triade que je me suis abstenu volontairement de développer étant donné leur complexité, s'ajoutent:
une fatiguabilité musculaire, les crampes, les douleurs diverses, une hyposmie (indicateur plutôt sensible).

En cas de suspicion de la maladie de Parkinson, effectuer une analyse sanguine à la recherche de:
- neuroleptiques
- antihistaminiques H1
- antihémétiques
- antivertigineux
- hypnotiques
Qui bien-sûr nous permettent d'établir le diagnostic différentiel avec des cas d'intoxication.

Également, ne pas manquer dans l'anamnèse d'éliminer tout lien avec le delirium tremens du syndrome de sevrage.


ANATOMIE PATHOLOGIQUE

Macroscopiquement,  cette  atteinte  est  mise  en  évidence  par  une  dépigmentation  progressive principalement  du  locus  niger,  mais  aussi  d’autres  régions  (e.g.  locus  ceruleus,  noyau  dorsal du  vague).  En  effet,  les  neurones  producteurs  de  dopamine  dans  ces  régions  contiennent  un pigment, la neuromélanine, qui confère à celles-ci leur coloration sombre.

Microscopiquement,  la  quantité  de  neurones  dopaminergiques  est  fortement  diminuée,  et  de petits  dépôts  extracellulaires  de  neuromélanine  sont  relâchés  par  les  neurones  apoptotiques. Les  neurones  restants  sont  atrophiques  et  contiennent  des  inculsions  cytoplasmiques circulaires  appelées  corps  de  Lewy.  Un  certain  degré  de  gliose  peut  également  être observé.

Les  corps  de  Lewy  résultent  en  grande  partie  d’agrégations  intracellulaires  composées  de  la protéine  α-synucléine,  présente  dans  ce  cas  sous  forme  insoluble  et  dans  une  conformation anormale,  mais  également  de  neurofilaments,  de  parkine  et  d’ubiquitine.

COMPLICATIONS

Je vais ici montrer comment on aboutit à un Syndrome démentiel :
Les  corps  de  Lewy  s’accumulent progressivement dans les neurones, aboutissant lentement à la dégénérescence de ces derniers. Par  la  suite,  on  assiste  à  une  dissémination  des  corps  de  Lewy  dans  diverses  régions  du cerveau  –  dont  le  noyau  basal  de  Meynert,  de  manière  importante  –  aboutissant  finalement  à un  syndrome  démentiel  caractérisé  par  la  perte  de  diverses  fonctions  cognitives.  Ce  type  de déficit est appelé démence à corps de Lewy, ou maladie à corps de Lewy.

8. PRISE EN CHARGE ET TRAITEMENTS

Traitement médical :

Antiparkinsoniens mineurs aux premiers stades de la maladie.

L-DOPA (+ inhibiteur de la dopadécarboxylase) au stade avancé ou en cas de crise.


Traitement chirurgical (neurochirurgie):
- Thalamotomie
- Pallidotomie
- Stimulation cérébrale profonde avec stimulateur greffé

Accompagnement social :
- activités physiques de groupe
- éviter la dépression (accompagnement psychiatrique)
- rallongement du temps de repos.

Kevy Nguya, étudiant en Doc1 UK-FAMÉD
CAP Kaba WhatsApp Forum, jeudi 09-07-2020

3 commentaires:

Kevy Nguya a dit…

🖐️Ajouts
🖐️Kevy Nguya
Pour le traitement médical, on notera ceci:

Tout va avec l'âge du patient pour des raisons de disponibilité des récepteurs car sachons que leur nombre chute avec l'âge.

1. Avant 65–70 ans Agoniste dopaminergique en monothérapie (retardement de l'apparition des complications motrices) ou inhibiteur de la monoamine oxydase B (IMAO-B). Si contrôle insatisfaisant, progression posologique de l'agoniste dopaminergique. Si contrôle insatisfaisant, association avec la L-dopa ou IMAO-B. Coprescription par dompéridone (diminution des effets secondaires à la stimulation des récepteurs dopaminergiques périphériques : nausées, vomissements). Anticholinergiques : quasi obsolètes en raison de leurs effets secondaires, ils peuvent avoir un intérêt chez les patients jeunes avec tremblement malgré un traitement dopaminergique bien conduit.

2. Après 65–70 ans L-dopa d'emblée en monothérapie ou IMAO-B. Si contrôle insatisfaisant, progression posologique de la L-dopa ou association avec IMAO-B. Coprescription par dompéridone.

🖐️ Réaction de Docteur Hergy Bazungula: C'est très important pour la prescription médicamenteuse !!! Comme dit ci-haut, le traitement dépend de la quantité des récepteurs encore présents ...
Et comme on ne peut pas remplacer ces récepteurs, le traitement devient parfois inefficace chez des très vielles personnes.


🖐️Kevy Nguya

Phénomène "On-Off".

C'est le fait qu'à certains moments de la journée, les patients souffrant de la maladie de Parkinson voient disparaître les signes "On" et ils les voient réapparaître avec vigueur "Off".
Je compte ajouter ceci pour les tremblements :

Aujourd'hui, les spécialistes veulent scinder les syndromes parkinsoniens en 2:
Avec tremblements et sans tremblements.
Parce que comme je l'ai dit ci-haut, il y a des parkinsoniens qui ne tremblent pas.☝🏽

Kevy Nguya a dit…

🖐️Préoccupation de Harvey:

J'avais lu quelque part que les infections intestinales peuvent aussi provoquer la maladie de Parkison est-ce que c'est vrai ? Si oui par quel mécanisme?

🖐️Réponse de Kevy Nguya:

Merci pour la question.
On pense aujourd'hui que les causes du parkinson sont nombreuses (parmi lesquelles les raisons infectieuses non clairement élucidées hélas). Ils ont donc fait une corrélation sans déduction.
Selon ce que j'ai lu. A moins que...

🖐️Réaction de Docteur Odon MABIALA:
Pour ce qui concerne les facteurs étiologiques, il y a interactions entre facteurs génétiques et environnementaux.
Il y a dégénérescence aussi des voies sérotonine évoquées> raison de la prescription des IRSS. Effet protecteur de la nicotine sur la dégénérescence.

🖐️Réaction de Docteur Hergy Bazungula:

La maladie de parkinson est d'origine dégénérative ( vieillissement puis atrophie des noyaux gris centraux---> perte neuronale dopaminergique) en fonction des facteurs génétiques et environnementaux ( cfr ajout Dr Odon) qui peuvent accélérer le processus.

Causes métaboliques, vasculaires, infectieuses, chirurgicales, traumatique ( Mohamed Ali) ... Sont de syndromes parkinsoniens; la symptomatologie est souvent asymétrique en fonction du côté atteint.

🖐️Question de Jonathan Docteur:
la maladie de Parkinson est elle héréditaire ?

🖐️Réponse de Kevy Nguya:

L'aspect génétique de la maladie nous montre la prédisposition héréditaire de transmission cependant, c'est suivant le mode autosomique récessif. (Moins de 50% de chance d'en avoir si c'est un parent direct).

🖐️Question de Jonathan Lungata:

Comment on arrive à reconnaitre la phase terminale de la maladie de parkison ?

🖐️ Réponse de Kevy Nguya
En phase terminale, je n'ai pas suffisamment de précision, j'ai pas lu cette classification détaillée mais l'élément principal est l'échec thérapeutique avec les manifestations des effets secondaires de du L-DOPA outre l'accentuation des signes et symptômes de la maladie.

🖐️Réaction de Docteur Hergy Bazungula:
Le peu des neurones dopaminergiques restant finissent aussi par dégénérer. Devant ce tableau, le traitement devient inactif car absence des récepteurs à stimuler.
Les manifestations accroissent, l'inefficacité du traitemen marquent la phase terminale de la maladie...

Kevy Nguya a dit…

🖐️Ajout de Jonathan Lungata:

La maladie de parkison évolue en 4 phases:
*première phase :
Est caractérisée par les premiers signes qui vont s'écouler entre 5 et 10 années.
Il faut noter aussi qu'il existe 3 symptômes principaux dont;
# la lenteur des mouvements (bradykinesie)
#la rigidité d'un membre
#des tremblements de repos

* 2ème phase ou période de lune de miel:
Cette dernière est remarquée par de manifestations des symptômes qui ont une durée de 3 à 8 ans et durant lesquels le corps répond de façon positive au traitement à base des DOPAMINERGIQUES.

*3ème phase ou période de fluctuation:

Cette phase correspond l'aggravation évolutive de symptômes, durant cette phase la DOPAMINE perd son efficacité et le malade souffre ÉPISODIQUEMENT, des problèmes moteurs, surviennent à 50% des cas 6 ans après les 1ers signes de la maladie.

*4ème phase ou période d'aggravation ou encore phase terminale:
Au cours de cette phase, les symptômes s'aggravent de façon inexorable donc les tremblements augmentent puis le patient atteint un état grabataire.
Des manifestations psychologiques font leur apparition:
+ dépression
+ pertes de mémoire
+ confusion voire démence
Et d'autres troubles
+ crampes
+ problème de pression artérielle
+ dysfonctionnement urinaire...

🖐️Question de Dieu-donné Mazebo:

Une personne jeune qui tremblote les mains après des exercices physiques. Ça prédit la maladie de Parkinson ?

🖐️Réponses de Kevy Nguya

Non, pas nécessairement.

En fait, après un exercice physique, il y a plusieurs choses qui peuvent faire trembloter un individu :
La faim (l'hypoglycémie) entre autres.


Il faut investiguer car certains produits subitement pris à forte dose peuvent également nous faire parvenir à cet état de tremblement quand bien même on a fait une activité physique.
C'est le cas de neuroleptiques, des antihistaminiques H1. Mais je pense à ceci : un alcoolique qui présente des tremblements de delirium tremens (du syndrome de sevrage alcoolique ou tabagique) peut aussi trembloter même au cours d'activité physique.🤔
⚠️Mais aussi, il ne faut pas oublier, Docteur que les tremblements du parkinsoniens surviennent au repos donc longtemps après une activité physique.
Donc, c'est moins probable que ce soit le parkinson.
J'attends les plus avertis pour venir me compléter au cas où un détail m'aurait échappé car j'ignore bien de choses.