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jeudi 13 octobre 2022

Généralités sur le diabète sucré

Je suis Kevy Evan Nguya, étudiant en Doc2 
Médecine à l'Université Kongo et un des animateurs du présent forum.
Dans le cadre de notre séminaire en ligne de diabétologie, aujourd'hui, nous franchirons un cap dans la compréhension du diabète : nous parlerons des généralités sur le diabète.




Voici mon plan:
- Définition
- Étiopathogénie
- Biologie de diagnostic

/Alexis Carole Ngo Hiol (Master 2 à Saint Christophe Iba Mar Diop) va aborder la clinique et le traitement. Je suis juste une balise./

1. DÉFINITION ET ÉTYMOLOGIE

Du grec, il signifie : "passer à travers".
Cette analogie révèle l'image de tube ouvert aux extrémités que sont les patients diabétiques. Parce que lorsqu'ils prennent de l'eau>>> ils urinent presqu'autant qu'ils en ont pris. 
Moi, je les compare aux "tonneaux des Danaïdes" dans la mythologie grecque.🤷🏽‍♂️

Le terme diabète signifie alors une maladie métabolique caractérisée par une élimination urinaire excessive d'un élément tel qu'ingéré suite à un dérèglement métabolique. (Cette définition tient de ma compréhension des éléments communs existant entre différents types de diabètes).

Sous cet angle, on parle du diabète insipide (concernant l'eau), du diabète cuivrique, du diabète sucré et autres que je peux ignorer.

Cependant, conventionnellement, quand on parle de -diabète-, il s'agit du plus fréquent de tous: le diabète sucré.

Alors le diabète sucré est par définition un groupe (oui, -un groupe- il faut le dire) d'affections métaboliques caractéristisées par une hyperglycémie chronique résultant d'un défaut de sécrétion et/ou d'action de l'insuline.

2. ÉPIDÉMIOLOGIE

Elle dépend largement de l'étude et donc du document que vous lisez.
Cependant on estime à près d'un milliard de diabétiques d'ici 2045.
Néanmoins, l'OMS s'est prononcée en ces termes "Toutes les 6-7 secondes, un diabétique décède".

Et le Diabète de type 2 est plus fréquent que le type 1 (90% contre 10%).

C'est donc ce que nous aimons appeler "un réel problème de santé publique" car sa prévalence est toujours en hausse et ses complications chroniques sont sources de handicap social et de mortalité importante.

3. ÉTIOLOGIES

Encore plus complexe que ce mot ne semble le dire, je vous assure.
Aujourd'hui encore, des études sont en cours.
Alors, je vais classifier les diabètes (la classification est étiopathogénique).

1) Diabète de type 1 (DT1):
Deux groupes
✓1A: ou auto-immun
✓1B: ou idiopathique
2) DT2
3) Autres types:
- Par anomalies génétiques de la fonction de la cellule bêta (MODY, Mitochondrial, diabète néonatal)
- Par anomalies génétiques de l'action insulinique
- Secondaire aux pancréatopathies
- Secondaire aux endocrinopathies
- Secondaire aux infections
- Médicamenteux
- Secondaire aux syndromes génétiques
4) Diabète gestationnel

Décortiquons-les:

• DT1 (je vous en supplie, Docteur, de ne plus parler de "Diabète insulinodépendant"🙏🏾 . C'est tellement dépassé vous n'avez pas idée.)
Il est dû à une carence stricte d'insuline == insulinopénie absolue.

Le type 1A est auto-immun. On l'appelle aussi LADA ( from Latent Autoimmune Diabetes in Adult) alors que le type 1B est dit idiopathique ou insulinoprive cétosique ou encore diabète du sujet noir subsaharien.

Le type 1B n'est pas confirmé auto-immun à ce jour parce qu'il n'y a pas eu de preuve d'auto-anticorps.

• Le DT2 est celui du sujet adulte (40ans environ). Le patient est gras alors que le Type 1 est du jeune homme, le patient est maigre.

• MODY (from Maturity Onset Diabetes of the Young).  
Il en existe 6 types dont un est plus connu: le MODY 2. Il s'agit d'une mutation de la Glucokinase (enzyme intervenant dans la transformation du glucose en ATP pour permettre la sécrétion de l'insuline).
C'est typiquement un DT2 mais diagnostiqué avant 25 ans.

• Les diabètes mitochondriaux sont plus complexes, ils tiennent beaucoup de la perturbation de la chaîne transporteuse d'électrons. Et donc on peut comprendre que les myopathies peuvent être associées.👌🏽

• Les pancréatopathies diabétogènes sont la pancréatite chronique et le glucogonome.
(Les maladies comme la mucoviscidose et l'hémochromatose sont des étiologies évidentes et fréquentes).

• Les endocrinopathies diabétogènes sont légions. Les hormones étant toutes hyperglycémiantes>>> leur hypersécrétion entraîne une sollicitation importante de l'insuline pour l'homéostasie>>> épuisement pancréatique>> diabète.
[Il est clair que quand je dis "toutes les hormones", je mets de côté l'insuline.]

• Les médicaments diabétogènes sont surtout des hyperglycémiants de prise au long cours. (Bêta-2-stimulants, statines, papavériniques, contraceptifs, phénothiazines...)

• Les syndromes génétiques s'accompagnent souvent de plusieurs malformations et atteintes génétiques pouvant ainsi affecter la sécrétion insulinique, la sensibilité insulinique, le pouvoir insulinique...
Ex: le syndrome de Klinefelter est associé au DT2 dans 10% des cas. Il en existe d'autres aussi comme le Huntington, le Down, les porphyries, etc.

• In fine, le diabète gestationnel: c'est dû à la perturbation de la glycémie au cours de la grossesse suite à la dysrégulation (les hormones explosent en chaîne durant la grossesse) augmentant la corticorésistance.

Certaines situations comme l'obésité, la sédentarité, l'HTA et les infections sont responsables du "phénomène de la poule et l'œuf" avec le diabète.

4. BIOLOGIE

Pour chuter, prenons les examens biologiques de diagnostic du diabète:

- Glycémie dont il faut tenir compte du climat glycémique du patient (est-il en post-prandial ou à jeun?) et de l'échantillon sanguin utilisé (plasma veineux, sang capillaire, sang total, artériel).
On parle de diabète si la glycémie à jeun est à au moins 126mg/dL ou que la glycémie casuelle (prélevée sur un patient à un moment quelconque, au hasard) est d'au moins 200mg/dL. Ces données sont celles du plasma veineux. Le sang capillaire a une réduction glycémique de 10% comparativement aux veines.

- Hyperglycémie provoquée par voie orale
Elle permet de diagnostiquer des états pré-diabétiques et diabétiques surtout s'il y a doute sur le diagnostic.

On observe la glycémie à la deuxième heure après ingestion de 75g de glucose. Si elle reste supérieure ou égale à 200mg/dL, on confirme le diagnostic. La deuxième heure est celle du pic pancréatique en insuline après ingestion de sucre. Chez la femme enceinte, dès qu'elle ramène une glycémie à 96mg/dL, il faut confirmer le diagnostic de diabète gestationnel.

- Hémoglobine glyquée (fraction HbA1c)
C'est du contact du glucose avec l'hémoglobine à l'intérieur de l'érythrocyte que la glycation (tout à fait non enzymatique) a lieu. Ce phénomène biochimique tient de la concentration en sucre et du temps d'exposition de la fonction amine. Dans le cas de diabète sucré, l'état "d'hyperglycémie chronique" permet de ce fait de répondre aux deux critères pour sa réalisation.
Elle est normalement comprise entre 4 et 6% (rapport de cette fraction HbA1c sur la somme de toutes les différentes fractions de l'hémoglobine). En cas de diabète cette fraction est à au moins 6,5%.
Elle renseigne sur la glycémie de 6 à 8 semaines (de la demi-vie des globules rouges de 16 semaines ou 120 jours, on soustrait le temps nécessaire à la glycation qui est compris entre 8 et 10 semaines).

- Fructosamine: le principe est le même ici que pour l'hémoglobine glyquée à la différence qu'il s'agit ici des protéines plasmatiques. Elle renseigne sur la glycémie de 2 à 3 semaines.



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3 commentaires:

  1. ➕ Djeunang Ivan Borel
    J'aimerais faire des ajouts sur la physiopathologie du DT1A (vu que le DT2B n'a pas de physiologie propre à elle)
    On sait depuis Gepts qu’il s’agit d’une insulite «immunologique » avec infiltration des leucocytes et destruction des cellules bêta des îlots de Langherans.
    les infections virales (oreillons, coxsackie…), certaines toxines (nitrosamines) ou
    La présence des marqueurs de l’anomalie immunitaire est attestée par la mise en évidence Des groupes HLA DR3 , DR4, DQβb et DRDQβAsp 57 sur le bras court du chromosome 6.montrent une susceptibilité qui commande la destruction progressive jusqu’au déficit absolu en insuline mais également les
    facteurs d’environnementaux contribuent aussi à la destruction des cellules β pancréatiques.

    La destruction des cellules commence tôt et évolue lentement par poussées >> risque de contracter la maladie et 3% de risque quand la mère est diabétique..

    LADA est le DT1 rencontré chez les adultes (>30ans)

    • Les mécanismes de la toxicité du glucose utilisent trois voies métaboliques que sont:
    1) La voie des polyols et de myoinositol (voie de l’aldose réductase)
    2) La voie de la glycation (glycosylation non enzymatique)
    3) La voie de l’auto oxydation du glucose (formation des radicaux libres oxygénés)

    • Quelques anticorps retrouvés
    -Anti-îlots
    -Anti-décarboxylase de l’acide glutamique
    anti-décarboxypeptidas H
    -anti 64kD
    -Anti-(pro)insuline
    -Anticorps divers
    -Anti-protéine de choc thermique

    ➕Kevy Evan Nguya
    Ajoutons ceci:
    Anticorps anti transporteur de Zinc (Anti ZnT8)
    Anticorps antityrosine-phosphatase
    Anticorps antiGLIMA

    Pour les anticorps, les AntiZnT8, j'ai une physiopath biomoléculaire tout comme pour les Antityrosine-phosphatase

    Pour les AntiZnT8, sachons déjà que le Zinc est responsable de la stabilité de l'insuline dans la cellule parce qu'elle permet sa conservation en hexamères d'insuline. Donc si absence de transport de Zinc>>> insuline labile dans le cytosol.

    L'Antityrosine-phosphatase est associé à une dysfonction du T Cell Receptor et donc une dysrégulation de l'activité de reconnaissance des LT>> Auto-immunité.
    C'est donc souvent la présence des auto-anticorps antityrosine-phosphatase qui signe l'association avec les autres maladies auto-immunes.
    Donc c'est normal que le DT1 soit associé à d'autres MAI.

    ➕Glody Landu Mabidila: En parlant du zinc, signalons que ça favorise la polymérisation de l'insuline jusqu'à former des hexamères.
    Plus l'insuline est polymérisée, plus elle sera stable et moins dégradée. (Augmentation de sa demie vie).

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  2. ➕Docteur Hasler Kinguangua
    Il y a 4 critères pour parler de LADA: âge de survenue> à 30ans, absence de cétose au moment de diagnostic, positivité d'AC anti GAD65 et recours à l'insuline dans un délai dépassant 3 mois
    Donc c'est juste une forme clinique de diabète de type 1.

    ➕ Djeunang Ivan Borel
    DT1 est dû la destruction des Cellules Beta>>> une insulinopénie absolue, c'est bien de préciser ainsi car dans le DT2 on observe pas seulement l'insensibilité des Récepteurs mais également on peut observer une insulinopénie pouvant être absolue.

    ➕Kevy Evan Nguya Oui, bonne nuance mais je pense que cette forme de DT2 ne peut être possible que dans la forme mixte (après plusieurs années).

    ❓Djeunang Ivan Borel
    Dr, SVP, j'aimerais avoir les détails de la physiopathologie du diabète insipide et de hémochromatose.🙏🏽

    🔁 Kevy Evan Nguya:

    Le diabète insipide n'aura aucun lien avec le diabète sucré (que je sache).

    L'hémochromatose, comme nous le savons, avec le dépôt du fer dans les différents organes (foie, cœur, pancréas, cerveau, rein) va altérer le fonctionnement pancréatique au niveau subcellulaire (la voie, je l'ignore). D'où on aura une insuffisance pancréatique>>> diabète.

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  3. ➕ Kevy Evan Nguya
    Allons-y sur la glycation:
    Déjà comme je l'ai décrit dans les notes vocales, il faudrait ajouter que le processus se fait en deux temps
    - formation de l'aldimine (réaction de Maillard)>>> c'est réversible à ce niveau encore.

    - réarrangement d'Amadori pour la transformation du glucose en fructose (nous savons que le glucose est un aldéhyde et que le fructose est un cétone) donc on bascule d'aldimine vers une cétoamine. C'est alors ce qui scelle la réaction donc c'est irréversible.

    ➕ Docteur Jean-Paul Mavungu:
    Ajout: pour le bilan, on peut doser l'insuline aussi... Si on dispose de ces automates...
    Ce dosage de l'insuline peut nous aider à déterminer le degré d'insulinorésistance en calculant le score de HOMA.

    ➕Kevy Evan Nguya: Le dosage du Peptide C aussi faut-il souligner.

    ❓Docteur Jean-Paul Mavungu
    Questions :
    Pour l'édification de nos cadets et autres..
    1. Vous avez cité diabète gestationnel parmi les types de diabète...
    Lien entre diabète et grossesse (mécanisme)

    2. Obésité et diabète (liens physiopathologiques)

    3. L'hépatite virale C et diabète sucré... Mécanismes.

    🔁 Kevy Evan Nguya

    1) Obésité-diabète : plus de graisses>>> plus d'adipocytokines>> altération de la réception insulinique (insensibilité des récepteurs).

    Mais aussi, l'obésité est corrélée à une sédentarité>> faible activité musculaire or le muscle est responsable de la production d'un facteur endocrinien qui augmente soit le nombre de récepteurs de l'insuline soit la sensibilité de ses récepteurs. Donc un diabète de type 2.

    Inversement, le DT2>>> insulinorésistance>>> plus de production d'insuline>> action adipogène de l'insuline car étant un facteur de croissance tissulaire>>> obésité abdominale.

    2) Diabète gestationnel: au troisième trimestre plus souvent ou pour être plus large, au début de la deuxième moitié de la grossesse>> il y a baisse du seuil rénal en glucose>>> glycosurie mais surtout il y a, avec les hormones de la grossesse dont les cortisol>>> importante glycémie et résistance relative à l'action de l'insuline. La plus importante hormone dans ce trouble est l'HPL (hormone placentaire lactogène)
    L'intensité clinique dépendra alors du degré de résistance à l'insuline.

    3) VHC et diabète :
    > Baisse possible de la production de l'insuline like factor ;
    > Auto-immunité possible étant donné l'implication de ce virus dans nombreuses maladies auto-immunes ;
    > Destruction du foie associée à l'insulinorésistance suite à l'action de l'adiponectine.

    ➕Docteur Hasler Kinguangua

    Pour le diabète gestationnel : il s'agit d'une insulinorésistance suite aux hormones gravidiques chez une femme prédisposée.
    Car normalement il existe un hyperinsulinisme réactionnel permettant de maintenir la glycémie normale. Mais chez la femme prédisposée il n'y a pas cette réaction d'où diabète gestationel

    Pour le lien diabète - obésité: il est à noter aussi la lipotoxicité (les ac gras libres augmentent la néoglucogenèse, diminue la sensibilité musculaire à l'insuline et diminue la sécrétion pancréatique de l'insuline).

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