Nous voici à cette première soirée de la longue série d'interventions sur les cancers avec comme principaux orateurs pour le premier module Kevy Nguya (5ème année, Université Kongo, République Démocratique du Congo) et Alexis Carole Ngo Hiol (4ème année, St Christophe Iba Mar Diop, Sénégal).
Comme apéro, question de préparer le lourd plat que nous allons ingérer durant cette série d'oncologie, nous vous proposons le thème «Les tumeurs, de la genèse à l'exode», avec Kevy Nguya.
Voici le plan:
- Définition
- Rappel du cycle cellulaire
- Genèse du cancer
- Exode du cancer
- Conclusion
Le présent thème est une analogie simple de la vie des avec les intitulés des deux premiers livres du pentateuque. En effet, les bases épigénétiques et moléculaires du désordre affectant le cycle cellulaire et l'angiogenèse constituent le début de la vie cancéreuse donc la genèse. L'infiltration et l'essaimage métastatique constituent les moyens de migration des tumeurs malignes et donc l'exode.
L'introduction ainsi faite, nous entamons la définition des concepts:
- cellule: unité fonctionnelle et structurale de base de la plupart des êtres vivants, les virus étant l'exception;
- tumeur (selon Willis): masse anormale de tissu dont la croissance est excessive et incoordonnée, dépasse et persiste de la même manière excessive après suppression des stimuli qui l'avaient provoquée;
- cancer= tumeur maligne=> tumeur capable de détruire les tissus avoisinants et lointains en donnant naissance à des tumeurs-filles.
- infiltration: invasion des tissus environnants le tissu cancéreux ;
- métastase: capacité des tumeurs à atteindre les organes situés à distance d'eux; détachement tumoral infiltrant les organes à distance du foyer.
1. GENESE TUMORALE
1.1. Rappel du cycle cellulaire
Vous pouvez lire avec tous les détails possibles le cycle cellulaire grâce à ce lien de notre blog de plus en plus riche:👇🏽
Grosso modo, le cycle cellulaire comprend deux grandes parties : la mitose et l'interphase.
La mitose (ou la division cellulaire) se déroule en 4 étapes (5-6 selon les écoles): Prophase-Métaphase-Anaphase-Télophase.
D'autres écoles incluent la prométaphase , et individualisent la cytodiérèse de la télophase pour un total de 6 phases.
Il s'écoule au cours de "l'interphase" 4 phases: G0-G1-S-G2.
*G pour dire Gap (niveau, phase)
A) La phase G0: la cellule revient ici de la division cellulaire, elle est par conséquent entrain de récupérer et en plein repos. Aucune activité n'a lieu durant cette période.
C'est la phase de quiescence. Ce sont des cellules de réserve. Comme par exemple les souches hématopoïétiques, leur pool de réserve est donc fait des cellules en phase G0.
B) La phase G1: dès que la cellule entre dans cette phase, elle entre en pleine préparation du bagage nécessaire à la division cellulaire prochaine. Elle entre en synthèse des protéines, double le nombre d'organites cellulaires et reprend son volume normal parce que le volume est divisé de moitié après la division cellulaire.
C) La phase S ( S pour "Synthèse"): ici, il n'y a qu'une seule chose qui compte : la synthèse de l'ADN, sa duplication.
D) G2: elle correspond à la fin de synthèse d'ADN et à l'accumulation d'énergie pour la prochaine mitose.
1.2. Régulation du cycle cellulaire :
Comme dans le livre de la genèse, le tout commence dans un paradis terrestre (Éden), après un manque de contrôle, l'humanité aurait sombré dans une déchéance; Nous aussi allons procéder par le rappel de la normalité dans la régulation du cycle cellulaire avant de passer à la survenue des troubles..en vue d'une analogie parfaite.
En résumé, 4 groupes protéiques importants interviennent : cyclines, CDK (kinases dépendantes des cyclines) et leurs inhibiteurs (CDKI), la protéine du rétinoblastome ainsi que le facteur de transcription des gènes codant pour les protéines d'activité spécifique à une phase cellulaire (ex. E2F).
Mode d'action : cycline+CDK>> activation des CDK> phosphorylation de la protéine du rétinoblastome (pRb)> phosphorylation du facteur de transcription E2F> activation de la transcription des gènes qui codent pour les protéines du cycle cellulaire comme dans la phase S, il y a la DNA polymerase et d'autres enzymes.
Les CDKI sont censées inhiber le signal du complexe cycline-CDK afin qu'il y ait équilibre.
Il existe des gènes qui codent pour les Cyclines, les CDK et les CDKI. La surexpression des gènes codant pour l'un ou l'autre des antagonistes définit soit l'apoptose soit la survenue des cancers.
1.3. Vie d'une tumeur maligne
Ici, je ne vais évoquer qu'un seul aspect : c'est l'angiogenèse.
"Au verset 10 de notre premier chapitre de la genèse des écritures plus ou moins saintes de l'oncologie, nous disons qu'une tumeur ne peut pas vivre sans vascularisation". Lol!
Quoiqu'anormales, ces cellules vivent comme des cellules normales, avec la même demande nutritive (qualitativement égale mais quantitativement supérieure à cause de leur pouvoir métabolique largement supérieur).
✓ Physiopathologie de l'angiogenèse
Les cellules tumorales, lorsqu'elles se développent, elles sont encore dépendantes de la vascularisation de l'organe hôte.
Plus les cellules se multiplient, plus le besoin en nutriments augmente. Alors les cellules qui seront en souffrance (ou carence nutritive) entrent en hypoxie. L'hypoxie est responsable de la libération des facteurs angiogéniques dont la "Vascular Endothelial Growth Factor" (VEGF).
Ce facteur de croissance va activer les mitoses des cellules endothéliales des vaisseaux sanguins pré-existants dans l'organe, cela aboutira à la prolifération endothéliale qui plus tard donnera lieu à une organisation vasculaire grâce à l'élaboration de la trame conjonctive nécessaire au soutien endothélial. C'est le cas de l'angiopoïétine, le Tumor Growth Factor et d'autres facteurs de croissance qui, par leur action, seront responsables de la construction vasculaire par la mise en place de l'endothélium sur des structures tubulaires et une membrane basale.
Finalement, prenons le point de l'exode.
2. EXODE TUMORAL
Comment se fait cet exode?
Vous avez sûrement deviné : l'exode se fait grâce à la rupture des contacts avec la matrice extracellulaire.
Cela est rendu possible par les métaloprotéases, les collagénases et nombreuses autres enzymes responsables de la rupture de contact matricielle.
In fine, ces cellules dont le cordon ombilical d'avec la matrice extracellulaire est rompu vont migrer in peace en suivant le flux sanguin ou lymphatique leur conféré par l'angiogenèse.
3. CONCLUSION
Les tumeurs capables d'essaimer les métastases sont les grosses tumeurs parce qu'elles sont plus vascularisées que les petites.
Je dis et je vous remercie.🙏🏼
1 commentaire:
AJOUTS (➕)
QUESTIONS (❓)
RÉPONSE ET RÉACTIONS (🔄)
Docteur Jean-Paul Mavungu:
Merci beaucoup pour l'exposé,.
❓ Première Question : Dans quelle phase avec précision du cycle cellulaire, le biais ou mutation se fait souvent et pourquoi?
Kevy Evan Nguya:
🔄Docteur JP, je ne sais pas dire avec précision si c'est ce que la littérature prévoit néanmoins, il est possible d'envisager que ce soit pendant l'interphase lors de la synthèse du matériel génétique (Phase S-G2)
"Pourquoi ?" Eh bien, je pense que c'est parce que les atteintes irréparables de l'ADN peuvent être responsables des mutations donnant lieu à l'activation des gènes promitotiques.
Docteur Jean-Paul Mavungu:
❓Deuxième question : entre mitose et interphase, qu'est ce qui vient avant l'autre ?
Expliquez moi d'une façon un peu claire la relation entre cancer et l'interphase?
Kevy Evan Nguya:
🔄C'est l'interphase sans aucun doute, Docteur JP. C'est peu comme l'histoire de la poule et l'oeuf mais si on doit partir d'une cellule qui donne naissance aux autres, celles qui naissent vont d'abord à l'interphase.
Commode Adelbert:
Gigal Nguizani Soba:
❓A vous suivre, on dirait que seule la forme maligne qui est dévolue à l'angiogenèse? Si oui, comment les tumeurs bénignes arrivent à prendre du volume ou se développer excessivement ?
Kevy Evan Nguya:
🔄Bonjour Gigal. Je n'ai pas parlé de l'angiogenèse dans l'exode.
J'en ai parlé dans la genèse et disant que dans la genèse, les deux sont identiques, cela veut dire que l'angiogenèse les concerne tous deux. Mais voici une nuance qui va plaire à tous:👇🏽
Une corrélation a été faite entre la taille des tumeurs et l'angiogenèse et entre l'angiogenèse et l'essaimage métastatique.
Plus la tumeur est petite, moins il y a nécessité d'angiogenèse surtout pour les tumeurs à métabolisme lent (tumeur bénigne+++). Et les métastases ne sont possibles que pour les tumeurs vascularisées suffisamment.
Maintenant que tout ça a été établi, faisons des déductions :
Les tumeurs bénignes ont un métabolisme normal, équivalent aux cellules normales du corps>>> pas d'angiogenèse la plupart du temps excepté lorsque le nombre de cellules devient important et qu'il ne peut être suffisamment nourri.
Deuxièmement pas de métastase pour la principale raison qu'il n'y a pas production par ces cellules des inhibiteurs de contact matriciel. Aussi, j'ai peut-être oublié de dire qu'une métastase qui se détache a aussi besoin de s'installer. Ca se passe par la sécrétion des protéines d'adhésion membranaires. Ces protéines d'adhésion membranaire, leur production est stimulée par des signaux cytokiniques la plupart de temps mais la cyclooxygénase 2 est aussi incriminée.
Gigal Nguizani Soba:
❓Une tumeur est composée de deux parties:
1. stroma, formé de cellules normales, qui jouent deux rôles dont nourrir les cellules malignes et maintenir la forme.
2. Cellules tumorales, responsables des manifestations cliniques.
Ma question est de savoir si les tumeurs malignes sont dépourvues de stroma ?
Kevy Evan Nguya:
🔄Il y a toujours eu une couche basale responsable du clone tumoral, en effet. C'est comme un épithélium malpighien.
D'ailleurs, il est à noter qu'une tumeur ne part généralement que d'une seule cellule d'où on parle de clone tumoral.
Cette cellule peut bien rester en profondeur et fournir autant des cellules qui, à leur tour, se multiplieront ainsi de suite.
Si par stroma, on entend la couche germinative, alors il faut répondre par "oui".
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