Résumé des échanges interuniversitaires Université Kongo-Université Simon Kimbangu
Prise de poids et bien-être en RDC
Alors que l'occidental cherche à baisser son indice de masse corporelle, le subsaharien, lui, cherche à le faire grimper.
En République Démocratique du Congo, une femme sur 3 est en surpoids ou obèse. Cela est encouragé par des phénomènes sociaux vécus par les jeunes, nous citons: "C-4, Ya Mado, Tubeless". Tout cela a redéfini la femme en RDC. La femme est désormais, selon le congolais, synonyme de stéatopygie, de ce que qualifient d'aventure certains étudiants en sciences de santé : "liposarcome glutéal", une vraie couche de graisse.
La prise de poids étant un fait normal à un certain âge et surtout pour certaines personnes prédisposées, elle ne peut être condamnée. Cependant, les excès de (la prise de) poids définissent un caractère morbide d'où sa critique.
1. Au sujet des bases pharmacologiques par Kevy Nguya (Deuxième doctorat médecine, UK)
Les médicaments employés dans la prise de poids ou qui ont la prise de poids comme effet secondaire sont de plusieurs classes. Certains comme les corticoïdes agissent dans l'augmentation de la masse grasse avec redistribution des lipides dans l'organisme ; d'autres agissent sur le centre de l'appétit (au niveau du noyau arqué de l'hypothalamus) suivant la voie de la melanin concentrating hormon (orexigène) et inhibant la voie du neuropeptide Y (anorexigène) afin d'augmenter l'appétit, c'est le cas de ciproheptadine contenue dans le C-4 et d'autres cocktails vitaminiques vendus en cité.
D'autres encore peuvent agir simplement dans la réduction de la dépense énergétique comme les somnifères, le sommeil étant caractérisé par la réduction des dépenses énergétiques dans l'organisme.
2. Génétique et alimentation par Gauthier Zola (Troisième grade en sciences médicales, UK)
L'état nutritionnel des individus est dépendant de beaucoup de facteurs (endogènes et exogènes).
• Facteurs endogènes
Il est constaté que l'embonpoint des individus peut être génétiquement défini. Et il a été observé des mutations de certains gènes d'intérêt nutritionnel chez certains patients présentant l'obésité. Les gènes codant pour les protéines comme la thermogénine (protéine impliquée dans la lipolyse) et la POMC (protéine de la voie orexigène) peuvent être sujets à des mutations et entraîner l'obésité.
Les caractéristiques ethniques, familiales et certaines pathologies métaboliques ou endocriniennes (maladie de Cushing, hypothyroïdie, diabète sucré...) peuvent influencer l'état nutritionnel dans le sens d'une obésité.
• Facteurs exogènes
Les habitudes alimentaires, les comportements face aux toxiques, l'exercice physique, les traitements médicamenteux que suivent certains patients ont un impact sur leur état nutritionnel.
L'état nutritionnel s'évalue par le calcul de l'indice de masse corporelle (BMI) ou par le tour de taille. Un BMI supérieur à 29,9 définit l'obésité alors qu'en dessous de 18, on parle de la maigreur. Le tout de taille permet d'évaluer l'obésité abdominale.
3. Le revers de la médaille par Jonathan Mutudiwu (Troisième doctorat en médecine, USK)
Si la prise de poids attirent des compliments, en excès, elle définit nombreuses entités pathologiques associées aux modifications mécaniques du squelette, au jeu hormonal troublé ainsi qu'à la modification des concentrations plasmatiques des lipoprotéines.
L'obésité est ainsi responsable
• d'arthrose du genou le plus souvent et des douleurs lombaires suite à l'augmentation de charge supporter par les os,
• d'infections cutanées d'origine mycotique à cause des plis cutanés dans lesquels pullulent les germes,
• de maladies cardiovasculaires comme l'athérosclérose associée à la hausse du cholestérol dans le sang, l'hypertension artérielle, l'arrêt cardiaque,
• du diabète de type 2 parce qu'un tissu adipeux important augmente la résistance à l'action de l'insuline.
Hormis cela, l'obésité définit chez les patients un complexe, une attitude de solitude parce que se disant être sujets de moquerie dans leur entourage.
4. Prise en charge par René Kande (Troisième doctorat en médecine, USK)
Prévenir vaut mieux que tout traitement curatif.
La prévention passe par la conscientisation des populations sur l'alimentation équilibrée et saine tant en terme de quantité que de qualité mais aussi par l'exercice physique régulier et l'éviction des produits pharmaceutiques agissant pour la prise de poids.
Le traitement de la personne obèse est tout d'abord psychologique parce qu'il y a tout lieu de comprendre comment et pourquoi tout a commencé et soigner son attitude de complexe vis-à-vis des autres pour qu'il (elle) s'accepte.
Ensuite vient la prise en charge diététique avec un régime alimentaire calibré sur les aliments disponibles dans le milieu de vie, le goût du patient et le coût. Le régime ne doit pas être conduit très intensément mais plutôt doit poursuivre un objectif pondéral (estimé en terme de kilogrammes à perdre) étalé sur 6 à 12 mois car un amaigrissement trop rapide comme celui tant vanté par certains vendeurs des produits amincissants peut s'avérer destructeur voir insupportable (comme régime) pour le patient.
En cas d'échec d'un régime correctement conduit après 12 mois, on peut basculer vers un traitement médicamenteux. Dans les situations d'obésité morbide, la chirurgie peut être employée poursuivant un but thérapeutique (réduire la capacité de l'estomac) et esthétique (réduire la masse adipeuse).
Cela fait, on s'attaquera, in fine, aux complications qui accompagnent cette obésité (problèmes ostéoarticulaires, cardiovasculaires etc.).
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