samedi 18 juin 2022

La Malnutrition

En Afrique subsaharienne, le problème que pose la paupérisation est très grave. En effet, qu'il s'agisse de l'ouest, du centre ou de l'est en prolongeant vers le sud, la situation persiste quoiqu'avec certaines disparités minimes du fait que certains pays émergent plus que d'autres.

Puissent les politiques entendre l'écho.

Le présent exposé est réalisé par Kevy Nguya, Deuxième Doctorat médecine à l'Université Kongo.

Voici mon plan:
  • Définition
  • Épidémiologie
  • Classification
  • Stadification et physiopath
  • Clinique
  • Diagnostic
  • Traitement

1. DÉFINITION

Par définition, la malnutrition est une alimentation déséquilibrée tout simplement. Elle correspond à deux possibilités d'état nutritionnel : une surnutrition (surpoids et obésité) ou une sous-nutrition (dénutrition, maigreur d'origine alimentaire🟠).
|⚠️Pour la maigreur, quand je précise d'origine alimentaire, c'est pour dire que toute maigreur n'est pas un état de dénutrition.|

Cependant comme le diabète, le consensus veut que chaque fois que le mot est évoqué, nous pensions en premier à une sous-alimentation.

L'équilibre alimentaire évoque le respect de la diversité qualitative et des proportions (quantitativement).
De ce fait la malnutrition correspond à un déséquilibre de l'un ou l'autre de ces deux aspects voire les deux.

2. LES CHIFFRES

Près de 20 millions d'enfants dans le monde en souffrent dont la plus grande majorité est en Afrique.


3. CLASSIFICATION

A ce jour, on ne reconnaît plus qu'un seul type de malnutrition : la malnutrition protéino-énergétique (MPE). Cette dernière peut être aiguë ou chronique selon la durée. 
La MPE a, selon les déficiences en cause, deux variétés chez les enfants: le marasme et le kwashiorkor.

🟠Marasme==> renvoie à une carence à prédominance énergétique.

🟠Kwashiorkor===> renvoie à une carence à prédominance protidique >>> oedèmes.

Hormis cela, les déficiences en micronutriments (vitamines, sels minéraux) entrent aussi dans le contexte de la malnutrition.
En conclusion, à côté de la MPE, existent les déficiences en micronutriments.

4. STADIFICATION :
Simple! Il existe une norme mondiale d'équivalence poids-taille. 
Pour un patient considéré malnutri, son poids est comparé au poids idéal pour un individu de sa taille selon la norme mondiale. 

Voici interprétation :
• Si 90-110% normal
• Si 85-89%: malnut légère
• Si 75-84%: malnut modérée
• Si <75%: malnut sévère

5. ÉTIOLOGIES

Deux groupes étiologiques existent.
- Primitive : apport inadéquat des nutriments
- Secondaire : faite suite à une pathologie ou une prise médicamenteuse perturbant l'usage des nutriments.

A. MPE primitive:

C'est l'apanage des extrêmes : enfts et vieux.
Causes: 
- la précarité de la vie
- anorexie mentale (suite aux maltraitances dont ils sont victimes dans nos pays surtout).

C'est cette forme (primitive) qui est la plus rencontrée ou répandue dans le monde et plus en Afrique à cause de notre économie faible et de nos cultures de maltraitance.
Chez les enfants, on a les deux formes (marasme et kwashiorkor).

La malnutrition expose à une susceptibilité aux infections faisant que les victimes sont plus sujets aux infections bactériennes (ORL, urinaires, pneumomies, gastro-entérites, sepsis...). Sans oublier que ces infections sont à la base d'une décharge cytokinique responsable de l'anorexie donc l'aggravation de la fonte musculaire : amaigrissement.

B. MPE secondaire
Elles sont les conséquences des maladies diverses:

🟠 Maladies gastro-intestinales : ces maladies perturbent soit la digestion (syndrome de cholestase, insuffisance pancréatique), soit l'absorption (les maladies inflammatoires chroniques intestinales, les gastro-entérites, maladie cœliaque...), soit le transport lymphatique des nutriments (ex. Fibrose péritonéale).

🟠 Maladies cachectisantes: (la cachexie étant l'état de fonte graisseuse et musculaire avec les os saillants)

Sida, BPCO, Insuffisance Rénale Chronique, Cancers.

Ces maladies élèvent le niveau métabolique de l'organisme et d'autres augmentent l'orage cytokinique responsable de l'anorexie>>> cachexie. L'insuffisance cardiaque passe par la congestion hépatique>>> anorexie et oedème de l'intestin >>> perturbation des échanges>>> malabsorption.

🟠 Autres maladies élevant le métabolisme :
Maladies inflammatoires chroniques, hyperthyroïdie, phéochromocytome, brûlures, traumatisme grave, intervention chirurgicale lourde...

5. PHYSIOPATHOLOGIE

La réponse initiale à la MPE est une réduction du métabolisme.
En outre, les hormones hyperglycémiantes agissent dans le sens d'une constitution des métabolites énergétiques suppléant le déficit glucidique (néoglucogenèse) >>> lipolyse (d'où la fonte graisseuse et faible poids des viscères), protéolyse (fonte musculaire, oedèmes). Les oedèmes surviennent déjà du fait du déficit d'apport protéique, la protéolyse n'a qu'un faible impact.
La baisse du métabolisme passe aussi bien par la réduction du pouvoir métaboliques des voies oxydatives que par la régulation des centres hypothalamiques : chute de température par exemple.
Voilà autant de choses à savoir sur la physiopathologie de la malnutrition.

6. CLINIQUE

- cachexie ou maigreur à chiffrer;
- très forte asthénie physique (dans le marasme);
- apathie et irritabilité (vaut mieux pas blaguer, sinon c'est toi qu'il va bouffer😅)
- baisse des capacités cognitives (carence en glucose pour le SNC). Un ventre affamé n'a point d'oreille dit-on;
- diarrhée (déficit enzymatique comme les dissacharidases si situation chronique mais aussi par la destruction de la bordure en brosse des entérocytes);
- achlorhydrie;
- atrophie gonadique;
- cheveux et ongles cassants;
- peau sèche, fine;
- oedèmes (kwashiorkor)
- cicatrisation lente;
- baisse de la performance cardiaque et même réduction de ses dimensions (faible activité>> atrophie musculaire);
- baisse de la fonction respiratoire;
- anémie, ictère (suite à un déficit énergétique empêchant le transport intrahépatique de la bilirubine), pétéchies;
- abdomen distendu suite à la faiblesse musculaire, la distension intestinale, l'ascite et l'hépatomégalie;
- syndrome du drapeau raillé sur les cheveux si alternance Malnutrition-Nutrition....

7. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Pesée, dosage albuminémie, triglycérides, hormones thyroïdiennes, protéines inflammatoires, etc. Tout ce qui peut orienter votre diagnostic étiologique.
Mais déjà à l'anamnèse vous pouvez avoir des éléments comme des situations de stress psychologique et d'autres problèmes de santé.

8. TRAITEMENT

Il est presque toujours étiologique !
Afin de soigner la malnutrition, il faut préalablement la stadifier puis mettre sous cure de lait pour malnutris (F75 si modérée ou F100 si malnutrition sévère). Réhydratation au RESOMAL selon la posologie (soit le Sérum de Réhydratation Orale dilué de moitié) si déshydratation.


CAP KABA WhatsApp Forum, Malnutrition par Kevy Nguya. ©Juin 2022

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lundi 6 juin 2022

Prise de poids et bien-être en RDC

Résumé des échanges interuniversitaires Université Kongo-Université Simon Kimbangu

Prise de poids et bien-être en RDC

Alors que l'occidental cherche à baisser son indice de masse corporelle, le subsaharien, lui, cherche à le faire grimper.

En République Démocratique du Congo, une femme sur 3 est en surpoids ou obèse. Cela est encouragé par des phénomènes sociaux vécus par les jeunes, nous citons: "C-4, Ya Mado, Tubeless". Tout cela a redéfini la femme en RDC. La femme est désormais, selon le congolais, synonyme de stéatopygie, de ce que qualifient d'aventure certains étudiants en sciences de santé : "liposarcome glutéal", une vraie couche de graisse.



La prise de poids étant un fait normal à un certain âge et surtout pour certaines personnes prédisposées, elle ne peut être condamnée. Cependant, les excès de (la prise de) poids définissent un caractère morbide d'où sa critique.

1. Au sujet des bases pharmacologiques par Kevy Nguya (Deuxième doctorat médecine, UK

Les médicaments employés dans la prise de poids ou qui ont la prise de poids comme effet secondaire sont de plusieurs classes. Certains comme les corticoïdes agissent dans l'augmentation de la masse grasse avec redistribution des lipides dans l'organisme ; d'autres agissent sur le centre de l'appétit (au niveau du noyau arqué de l'hypothalamus) suivant la voie de la melanin concentrating hormon (orexigène) et inhibant la voie du neuropeptide Y (anorexigène) afin d'augmenter l'appétit, c'est le cas de ciproheptadine contenue dans le C-4 et d'autres cocktails vitaminiques vendus en cité.
D'autres encore peuvent agir simplement dans la réduction de la dépense énergétique comme les somnifères, le sommeil étant caractérisé par la réduction des dépenses énergétiques dans l'organisme.

2. Génétique et alimentation par Gauthier Zola (Troisième grade en sciences médicales, UK)

L'état nutritionnel des individus est dépendant de beaucoup de facteurs (endogènes et exogènes).

Facteurs endogènes
Il est constaté que l'embonpoint des individus peut être génétiquement défini. Et il a été observé des mutations de certains gènes d'intérêt nutritionnel chez certains patients présentant l'obésité. Les gènes codant pour les protéines comme la thermogénine (protéine impliquée dans la lipolyse) et la POMC (protéine de la voie orexigène) peuvent être sujets à des mutations et entraîner l'obésité.
Les caractéristiques ethniques, familiales et certaines pathologies métaboliques ou endocriniennes (maladie de Cushing, hypothyroïdie, diabète sucré...) peuvent influencer l'état nutritionnel dans le sens d'une obésité.

Facteurs exogènes
Les habitudes alimentaires, les comportements face aux toxiques, l'exercice physique, les traitements médicamenteux que suivent certains patients ont un impact sur leur état nutritionnel.

L'état nutritionnel s'évalue par le calcul de l'indice de masse corporelle (BMI) ou par le tour de taille. Un BMI supérieur à 29,9 définit l'obésité alors qu'en dessous de 18, on parle de la maigreur. Le tout de taille permet d'évaluer l'obésité abdominale.

3. Le revers de la médaille par Jonathan Mutudiwu (Troisième doctorat en médecine, USK)

Si la prise de poids attirent des compliments, en excès, elle définit nombreuses entités pathologiques associées aux modifications mécaniques du squelette, au jeu hormonal troublé ainsi qu'à la modification des concentrations plasmatiques des lipoprotéines.
L'obésité est ainsi responsable 
• d'arthrose du genou le plus souvent et des douleurs lombaires suite à l'augmentation de charge supporter par les os, 
• d'infections cutanées d'origine mycotique à cause des plis cutanés dans lesquels pullulent les germes,
• de maladies cardiovasculaires comme l'athérosclérose associée à la hausse du cholestérol dans le sang, l'hypertension artérielle, l'arrêt cardiaque,
• du diabète de type 2 parce qu'un tissu adipeux important augmente la résistance à l'action de l'insuline.

Hormis cela, l'obésité définit chez les patients un complexe, une attitude de solitude parce que se disant être sujets de moquerie dans leur entourage.




4. Prise en charge par René Kande (Troisième doctorat en médecine, USK)

Prévenir vaut mieux que tout traitement curatif.

La prévention passe par la conscientisation des populations sur l'alimentation équilibrée et saine tant en terme de quantité que de qualité mais aussi par l'exercice physique régulier et l'éviction des produits pharmaceutiques agissant pour la prise de poids.

Le traitement de la personne obèse est tout d'abord psychologique parce qu'il y a tout lieu de comprendre comment et pourquoi tout a commencé et soigner son attitude de complexe vis-à-vis des autres pour qu'il (elle) s'accepte.

Ensuite vient la prise en charge diététique avec un régime alimentaire calibré sur les aliments disponibles dans le milieu de vie, le goût du patient et le coût. Le régime ne doit pas être conduit très intensément mais plutôt doit poursuivre un objectif pondéral (estimé en terme de kilogrammes à perdre) étalé sur 6 à 12 mois car un amaigrissement trop rapide comme celui tant vanté par certains vendeurs des produits amincissants peut s'avérer destructeur voir insupportable (comme régime) pour le patient.

En cas d'échec d'un régime correctement conduit après 12 mois, on peut basculer vers un traitement médicamenteux. Dans les situations d'obésité morbide, la chirurgie peut être employée poursuivant un but thérapeutique (réduire la capacité de l'estomac) et esthétique (réduire la masse adipeuse).

Cela fait, on s'attaquera, in fine, aux complications qui accompagnent cette obésité (problèmes ostéoarticulaires, cardiovasculaires etc.).

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